Ali Akbar Onanga Y’Obegue dénonce l’acharnement du CTRI contre Ali Bongo Ondimba (libre propos)

AD – Libreville (Gabon) – L’ancien ministre gabonais, Ali Akbar Onanga Y’Obegue a, dans une publication sur sa page facebook, adressée aux populations du Haut-Ogooué (sud-est) dont il est originaire, dénoncé avec tristesse l’acharnement du Comité pour la restauration des institutions (CTRI) contre le président, Ali Bongo Ondimba chassé du pouvoir le 30 août 2023.
L’actuel secrétaire général d’une aile du Parti démocratique gabonais (PDG, ancien parti au pouvoir), monte au créneau après avoir débaptiser l’aéroport international de Port-Gentil du nom d’Ali Bongo Ondimba pour Joseph Redjambé Issani, un fils de la province de l’Ogooué-Maritime assassiné en 1990 au lendemain de la conférence nationale.
Voici l’intégralité de la publication
Chers frères et sœurs altogovéens,
Aujourd’hui, c’est avec gravité et un profond sentiment de tristesse que je viens m’adresser à vous. Non pas pour diviser, ni pour alimenter la discorde, mais pour poser une question essentielle : jusqu’où irons-nous dans cet acharnement contre Ali Bongo Ondimba et sa famille ? Jusqu’où laisserons-nous le silence cautionner l’inacceptable ?
Le 30 août 2023, notre frère Brice Clotaire Oligui Nguema, un enfant du Haut-Ogooué, a pris le pouvoir par la force, mettant fin au règne d’un autre enfant de notre province, Ali Bongo Ondimba. Certains ont vu dans cet événement un tournant, une opportunité de renouveau pour notre pays. D’autres ont ressenti un choc profond, un sentiment de trahison et d’injustice.
Il ne s’agit pas ici de débattre de politique ou de prendre parti dans les événements qui ont conduit aux changements que nous connaissons. Il s’agit plutôt de nous interroger, en tant que communauté, sur la manière dont nous traitons l’un des nôtres, particulièrement lorsqu’il traverse des moments difficiles.
Ali Bongo Ondimba, au-delà de son statut d’ancien président, est avant tout un fils du Haut-Ogooué, un frère qui, comme beaucoup d’entre nous le savent, a été frappé par la maladie. Cette épreuve, qui pourrait toucher n’importe lequel d’entre nous, devrait susciter compassion et solidarité, conformément à nos traditions.
Rappelons-nous nos valeurs ancestrales. Dans notre culture, la maladie d’un membre de la communauté n’a jamais été une occasion de l’abandonner ou de l’isoler. Au contraire, c’est dans ces moments-là que nous nous sommes toujours montrés les plus unis, les plus solidaires. Nos ancêtres nous ont enseigné que la véritable mesure d’une société se trouve dans la manière dont elle traite ses membres les plus vulnérables.
Ali Bongo Ondimba a eu un AVC. Il n’est plus l’homme qu’il était. Son corps l’a trahi, mais aujourd’hui, c’est sa propre famille politique, son propre peuple, et pire encore, son propre frère du Haut-Ogooué qui l’abandonnent et le maltraite.
Nous sommes un peuple de respect. Nous sommes un peuple de loyauté. Nous sommes un peuple qui honore ceux qui nous ont aidés. Alors comment pouvons-nous détourner le regard pendant qu’un frère, affaibli par la maladie, est ainsi rabaissé et humilié ?
Nous devons regarder la vérité en face. Ce que subit Ali Bongo Ondimba et sa famille dépasse la simple transition politique. Il ne s’agit plus seulement de la perte du pouvoir, mais d’une entreprise de destruction totale de tout ce qu’il représente.
– Son épouse et son fils incarcérés, subissant de mauvais traitements selon leurs avocats et leurs proches.
– Ses demandes répétées de sortie du territoire pour raisons de santé systématiquement refusées.
– Sa résidence pillée, cambriolée, sous le regard indifférent de ceux qui sont censés la protéger.
– Son image effacée, son nom retiré de l’aéroport de Port-Gentil, comme si l’on voulait rayer son existence même de notre histoire.
– Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), fondé par son père et qu’il a régulièrement conquis et dirigé, est déstabilisé et défiguré, avec des proches opportunistes instrumentalisés pour le renier.
Tout cela est-il nécessaire ? Tout cela est-il digne de nous ?
Que l’on conteste son bilan, soit. Que l’on souhaite une nouvelle ère politique, soit. Mais pourquoi cette volonté d’effacer l’homme, de piétiner son héritage, d’humilier sa famille ? Pourquoi cet acharnement d’un frère contre son frère? Pourquoi cette instrumentalisation d’un système contre un individu seul alors qu’il a dirigé le pays avec plusieurs compatriotes dont certains sont encore aux responsabilités aujourd’hui?
Ce n’est pas notre manière de faire. Ce n’est pas ainsi que nous, Altogovéens, traitons nos frères.
Nombreux sont ceux parmi nous qui ont bénéficié, directement ou indirectement, des actions de la famille Bongo. Que ce soit à travers des bourses d’études, des opportunités professionnelles, ou différentes formes de soutien, beaucoup d’Altogovéens ont pu construire leur avenir grâce à cette famille. Ce n’est pas le moment de le nier ou de l’oublier. La reconnaissance, comme le disent nos anciens, fait partie intégrante de nos valeurs.
Et que dire de celui qui mène aujourd’hui ce combat contre Ali Bongo Ondimba ?
Nous le savons tous : Brice Clotaire Oligui Nguema n’est pas un étranger pour Ali Bongo Ondimba. Il était de la famille. Il a grandi sous l’aile des Bongo. Il a été formé, protégé, promu par eux. Il a été aide de camp du père, Omar Bongo Ondimba. Il a été placé à des postes stratégiques sous Ali Bongo Ondimba lui-même.
Et pourtant, c’est lui qui, aujourd’hui, s’acharne le plus. C’est lui qui efface, qui humilie, qui persécute.
Ali Bongo Ondimba avait confiance en lui. À ceux qui venaient lui dire : « Attention, Oligui prépare quelque chose », il répondait toujours : « C’est mon petit frère, il ne peut pas me trahir. »
Quel a été le résultat ? La prise du pouvoir, passe encore. Mais tout le reste ? Pourquoi cette vengeance aveugle ? Pourquoi ce manque de respect pour un homme diminué par la maladie ? Pourquoi cette haine violente?
Chers frères et sœurs, nous avons un devoir moral. Il ne s’agit pas d’aimer Ali Bongo Ondimba. Il ne s’agit pas de revenir sur des débats politiques. Il s’agit de respecter un principe fondamental : la dignité humaine.
Nous devons nous rappeler nos valeurs. Nous devons nous rappeler qui nous sommes.
– Nous ne sommes pas un peuple qui humilie les faibles.
– Nous ne sommes pas un peuple qui piétine ceux qui nous ont aidés.
– Nous ne sommes pas un peuple qui encourage la vengeance et la haine.
Aujourd’hui, il est temps d’élever nos voix. Il est temps de rappeler à ceux qui sont au pouvoir que la politique ne doit pas être une affaire de règlements de comptes. Il est temps de dire que trop, c’est trop.
Nous devons exiger avec respect, mais fermement, aux autorités de la transition :
- La fin de l’acharnement contre Ali Bongo Ondimba et sa famille.
- La traitement uniquement judiciaire du dossier de son épouse et de son fils.
- Le respect de ses droits, notamment son droit à se soigner à l’étranger.
- L’arrêt de la persécution de son image et de son héritage.
Ceci n’est pas une question de politique. C’est une question d’humanité.
Notre message doit être clair : nous ne voulons pas de chaos. Nous ne voulons pas de division. Nous voulons simplement que la dignité soit restaurée.
J’invite très respectueusement tout Altogovéen disposant d’une voie qui compte ou d’un quelconque moyen de faire pression sur ceux qui ont le pouvoir, d’en user de manière digne pour plaider le changement du mauvais traitement réservé à Ali Bongo Ondimba et sa famille. Interpellez-les avec respect, mais avec fermeté. Dites-leur que ce qui se passe est inacceptable.
Ne restez pas silencieux. Le silence, c’est la complicité. L’indifférence, c’est la trahison de nos valeurs.
Chers frères et sœurs altogovéens,
Aujourd’hui, c’est Ali Bongo Ondimba qui subit cette injustice. Demain, à qui le tour ? Si nous laissons faire aujourd’hui, alors nous ouvrons la porte à d’autres abus, à d’autres humiliations, à d’autres règlements de comptes et en fin de compte à une déstabilisation grave et durable du vivre ensemble altogovéen légué par nos ancêtres communs.
Réveillons-nous. Rappelons à Oligui Nguema qu’il est d’abord un fils du Haut-Ogooué, et qu’il doit en l’occurrence se comporter comme tel. Rappelons-lui que la grandeur d’un homme ne se mesure pas à sa capacité à écraser ses adversaires, mais à sa capacité à faire preuve de justice et de compassion, même envers ceux qu’il a vaincus.
Ne restons pas passifs. Agissons, parlons, interpellons. Pour la dignité. Pour la justice. Pour l’honneur.
Avec tout mon respect et mon attachement à nos valeurs communes.
Ali Akbar ONANGA Y’OBEGUE
Docteur en Droit, Enseignant à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université Omar Bongo de Libreville, Secrétaire Général du Parti Démocratique Gabonais, Ancien Ministre.
PCP/PIM/ad/25