La France veut enquêter sur des tortures présumées infliger à Sylvia Bongo Ondimba et à son fils
AD – Libreville (Gabon) – Le doyen des juges du tribunal de Paris a désigné un magistrat du pole criminalité pour enquêter sur les tortures présumées que subissent ou auraient subi l’ancienne Première dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin dans leurs cellules à la prison centrale de Libreville où ils sont incarcérés depuis bientôt 18 mois.
L’annonce a été faite par Me François Zimeray, avocat des deux prévenus lors d’une conférence de presse co-animée jeudi sur Zoom avec Mes Catalina de la Sota et le Bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur. L’avocate gabonaise, Gisèle Eyue Bekale a assisté à la conférence sans prendre la parole.
Le magistrat a été désigné suite à une plainte déposée auprès du Doyen des juges d’instruction au Tribunal judiciaire de Paris. Il est du pole criminalité. Les avocats n’ont pas souhaité communiquer son identité. Il a pour mission d’enquêter sur des crimes de torture et de violation des droits de l’homme dont seraient victimes l’épouse et le fils de l’ancien président Ali Bongo Ondimba chassé du pouvoir par les militaires le 30 août 2023.
« Nous connaissons les noms des tortionnaires », a révélé Me Zimeray. Le magistrat étant connu, les avocats ont affirmé qu’il va entendre les personnes que « nous soupçonnons ». Il doit commettre des actes d’instruction c’est-à-dire des mandats d’arrêt.
Le magistrat procédera par commission rogatoire pour entendre les personnes soupçonnées. Il y aura des séries d’interrogatoires et des séries de mesures coercitives au cas ou les personnes convoquées ne se présentent pas.
« Il procédera par des mesures plus coercitives », ont prévenu les avocats. Selon eux, s’il n’y a pas de coopération judiciaire entre le Gabon et la France, le magistrat sera obligé de délivrer des mandats d’arrêt internationaux.
Le Bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur est certain qu’il existe bien une coopération judiciaire entre la France et le Gabon, deux pays amis. Sinon il existe d’autres passerelles comme par exemple au niveau de la Francophonie, a-t-il précisé en ajoutant que si le Gabon ne coopère pas, il sera accusé auprès de la communauté internationale comme un Etat pratiquant la torture. Un statut qui pourrait pénaliser le pays auprès des bailleurs de fonds internationaux, a-t-il affirmé.
Sylvia défigurée et pleure beaucoup
Le 19 décembre dernier Mes Gisèle Eyue Bekale, Catalina de la Sota et François Zimeray ont pour la première fois rencontré leurs clients dans les locaux de la prison centrale de Libreville. La rencontre a eu lieu dans le parloir en toute confidentialité, selon le procureur de la République, Bruno Obiang Mve.
Une confidentialité que contestent les avocats qui affirment qu’il y avait des caméras de vidéo-surveillance au-dessus des cranes dans ce qu’ils ont estimé être un faux parloir.
Catalina de la Sota et François Zimeray ont fait un portrait alarmant de leurs clients, 17 mois après leur incarcération. Sylvia Bongo est défigurée, défoncée. Elle ne reflète plus l’image qu’on a d’elle sur les photos d’avant. Elle pleure beaucoup.
Son fils Noureddin porte une trace d’électrocution. Les deux ont le regard vide. Ils sont paniqués, apeurés…
Les avocats ont affirmé que les séances de torture auxquelles ils sont soumis vise à leur extorquer leurs biens meubles et immeubles y compris de l’argent liquide.
Sylvia Bongo a été incarcérée en octobre 2023 dans « le sous-sol », selon les avocats. L’ex first lady du Gabon âgée de 61 ans, avait été inculpée le 28 septembre notamment pour « blanchiment de capitaux et faux et usage de faux ». Les mêmes accusations pèsent également sur son fils. Tous les deux avaient été arrêtés le soir du coup d’Etat du 30 août 2023 perpétré par le général Brice Clotaire Oligui Nguema.
Source: gabonactu.com