Du treillis au costume (Par Evivi NGUEMA)

Du treillis au costume (Par Evivi NGUEMA)

AD – Libreville (Gabon) – L’histoire et les événements en Afrique se ressemblent en soixante ans d’indépendance. En dépit de quelques exceptions, la gestion du pouvoir reste rythmer par des coups de force et d’expérimentation des régimes dits démocratiques. Un gabonais établi depuis plusieurs années en Europe jette un regard critique. Lecture.

Il suffit à un Lieutenant-colonel ou à un Général de faire un coup d’État et ensuite organiser une rencontre politique nationale, redistribuer des cartes et des postes et surtout se fabriquer une légitimité politique.

Après, tous les courtisans et redevables courberont l’échine. En Afrique, en général une fois qu’on détient l’appareil d’état, tout le monde se soumet. Il est encore plus facile de « gagner » une élection. On a les moyens humains et financiers au service du chef.

Au début, il suffit d’annoncer qu’on remettra le pouvoir aux civils et bien faire tourner la mayonnaise. On arrose le peuple de « pains et de plaisirs » et le tour est joué!Est-ce ce modèle de légitimité politique que nous transmet en Afrique ? Prendre le pouvoir par la force, simulacre d’élections et pérennisation au pouvoir.

Ce modèle de légitimité peut-il être enseigné aux en enfants et aux militaires ?S’il s’agit d’un bon modèle, nous devons donc le reproduire partout et à tout moment. Obiang Nguema en Guinée-Équatoriale, Sassou Nguesso au Congo ou en Mubutu (RDC) et Eyadema (Togo) ont réussi ce schéma de prise de pouvoir par les armes et de valider par des élections une prétendue légitimité démocratique.

Ce modèle semble plébiscité par certains qui citent les cas de Jerry Rawlings (Ghana) ou Paul Kagamé (Rwanda). Ces cas « école » devraient pourquoi pas être consigner dans les constitutions.

Un article dans les modalités de prise du pouvoir devrait mentionner la prise du pouvoir par les armes et organiser des élections à son profit.Non. Ce modèle n’est pas bon. Il ne garantit aucune stabilité politique pour un pays.

Si tous les matin un militaire, un sergent ou un capitaine méconten doit prendre le pouvoir c’est dangereux.

L’autre question c’est de savoir pouvoir certains défendent ce modèle ? La réponse la plus simple c’est qu’ils ont des intérêts à préserver ou des possibilités d’en acquérir. Ce qui n’exclut pas un brin de revanche avec le pouvoir déchu. Un deuxième niveau de réponse consiste à dire que « cela ne pouvait pas continuer « , c’était la seule solution pour sortir le pays du gouffre.

La solution militaire était la seule possible ou la plus efficace. En clair, lorsqu’un pouvoir politique plonge le pays dans le gouffre, il est de la responsabilité des militaires de mettre fin à ce pouvoir. La difficulté c’est c’est qu’il va falloir définir le seuil, le critère et les instances qui établissent le gouffre. Un troisième niveau de réponse estime que les coup d’État sont une onction divine. Toute légitimité vient de Dieu, répète-t-on en chœur en Afrique.

Là aussi, cette onction divine ne figure pas les constitutions. Dieu parlant tous les jours aux africains, il est à craindre que tous les deux matins un pasteur touche le cœur d’un militaire fidèle de son église.

Globalement, on se rend compte que la construction d’une légitimité par les armes et les coups d’état n’est pas viable et qu’on ne peut la constitutionnaliser.

En se servant donc d’une élection pour légitimer un coup d’État on incite les militaires à perpétrer des putschs. Aucun putschiste à ce jour n’a organisé des élections et les a perdues.Du point de vue anthropologique, cette forme de construction de la légitimité politique traduit une volonté de réhabiliter des légitimités traditionnelles au sein de l’Etat maoderne et rationnel.

Des légitimités qui combinent la force militaire et l’onction divine que les sociétés modernes ont remplacé par la légitimité du droit. Autrement dit, par le Droit, les sociétés moderne se donne l’ambition de sortir de l’État sauvage, de la bestialité et de l’État de nature.

Fonder la légitimité politique sur le droit revient à mettre chaque citoyen au centre du processus de désignation des dirigeants du pays. C’est d’ailleurs tout le sens de la recommandation de Barack Obama lorsqu’il affirma que l’Afrique n’a pas besoin des hommes forts Mais plutôt des institutions fortes.

Évivi Nguema Blogueur, Chroniqueur.

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