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L’acteur français Jean-Paul Belmondo est décédé à 88 ans

AD – Libreville (Gabon) – Par Mozaya Madiba : L’acteur Jean-Paul Belmondo, monstre sacré du cinéma français, est décédé lundi à son domicile, à Paris. Il avait 88 ans.

Avec la mort de celui qu’on surnommait Bébel, le septième art français perd une de ses figures les plus populaires, un acteur sachant tout faire, des films d’action jusqu’au cinéma d’auteur, sans trop se prendre au sérieux.
L’interprète aux 80 films est décédé lundi en mi-journée, heure locale, selon ce qu’a annoncé sa famille dans un communiqué transmis par son avocat.
Jean-Paul s’est éteint aujourd’hui [lundi]. Il est parti rejoindre ses vieux complices du Conservatoire. Son sourire sincère sera toujours là, écrit dans ce communiqué sa famille, évoquant la disparition de son pilier.
L’acteur, qui avait été hospitalisé en début d’année pour une fatigue générale, est décédé entouré de ses proches, à son domicile parisien.
Au cours de sa carrière, il a joué dans des scènes inoubliables, notamment comme jeune premier la cigarette au bec dans À bout de souffle ou encore pendu à un hélicoptère au-dessus de Venise dans Le guignolo.
Il restera à jamais Le Magnifique. Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous, a salué sur Twitter le président français Emmanuel Macron.

Je suis complètement anéanti. Là, je vais essayer de m’accrocher pour ne pas faire la même chose dans cinq heures… Remarquez, ce serait pas mal si on partait tous les deux ensemble. C’est une partie de ma vie, on a débuté ensemble il y a 60 ans, a déclaré sur la chaîne française CNews l’autre monstre sacré du cinéma français, Alain Delon, 85 ans.
Souvent dépeints, à tort, comme des rivaux, les deux géants du cinéma français ont connu des carrières parallèles, et leur amitié teintée d’une certaine rivalité a nourri la légende.
Je suis bouleversée par la disparition de Jean-Paul. Il était et restera pour moi comme pour tant d’autres, l’image même de la vitalité. Il ne cessera jamais d’être en mouvement dans mon coeur et dans ma mémoire, a réagi l’actrice italienne Claudia Cardinale, dans une déclaration transmise à l’AFP par son agent.
Dans les mémoires, c’est le Bébel au sourire ravageur, au nez de boxeur et à l’attitude impertinente inimitable qui restera.

Aimé du public et de la critique
Sa carrière commencée sur les planches l’a mené en un demi-siècle au sommet du succès commercial en France, avec 130 millions d’entrées cumulées au cinéma.
Celui qui était l’une des dernières grandes vedettes populaires de sa génération, avec Alain Delon ou Brigitte Bardot, peut-être encore plus fédérateur, avait quasiment disparu des écrans après un accident vasculaire en 2001.
Sa mort tourne une page majeure du cinéma français, Belmondo partant après sa bande d’amis du conservatoire comme Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Crémer ou encore Claude Rich. Ces dernières années, il avait dû enterrer ses complices, de Guy Bedos à son meilleur ami, Charles Gérard, avec lequel il ne cessait de partager fous rires, gueuletons et matchs à Roland-Garros.

Belmondo restait un modèle absolu pour ses pairs, notamment Jean Dujardin, qui le considérait comme l’un des derniers héros du cinéma français. Ses tribulations dans L’homme de Rio ont inspiré jusqu’à Steven Spielberg, pour Indiana Jones.
Et le public français ne s’est jamais lassé de revoir ses films, sur grand écran, à la télévision ou plus récemment sur Netflix, dans des polars comme ceux de Godard.
C’est d’ailleurs la rencontre avec le cinéaste de la Nouvelle Vague, autre figure majeure du septième art, qui a scellé son destin. Venez dans ma chambre d’hôtel, on tournera et je vous donnerai 50 000 francs, avait lancé Godard à Belmondo, croisé dans la rue. À même pas 30 ans, en 1960, il tourne dans À bout de souffle.
Après le succès du film, on viendra à moi, racontait Belmondo en 2016 dans Mille vies valent mieux qu’une, un livre de souvenirs de l’acteur. Leur collaboration se poursuivra avec Une femme est une femme (1961) et Pierrot le fou (1965).
Belmondo a ensuite enchaîné les succès critiques. De Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre) à François Truffaut (La sirène du Mississippi) en passant par Louis Malle (Le voleur), les cinéastes se sont arraché l’acteur, le seul à rivaliser avec Alain Delon.
Lui et moi, c’est le jour et la nuit, a affirmé Belmondo, évoquant une amitié fidèle avec Delon, loin de la rivalité qu’on leur a souvent prêtée.
Un acteur casse-cou
Qui aujourd’hui encore oserait les cascades que ce casse-cou aimait réaliser lui-même, comme cette course sur le toit d’un métro en marche dans Peur sur la ville?

Bébel laisse ainsi le souvenir d’un acteur physique, un roi de la gifle et de la bagarre, cultivant une belle dose d’humour (Le cerveau), voire une franche autodérision (Le magnifique).
Belmondo a joué au soccer et s’est entraîné comme boxeur avant de quitter l’école à l’âge de 16 ans. Il a commencé à jouer dans les années 1950 au Conservatoire de Paris, où l’un de ses professeurs, Pierre Dux, lui a dit que sa carrière de comédien de premier plan était vouée à l’échec en raison de son allure. Les gens éclateraient de rire s’ils voyaient une actrice dans les bras de Belmondo, a affirmé M. Dux, selon le biographe Bertrand Tessier.
À ses débuts, le critique de théâtre français Jean-Jacques Gautier n’a pas été impressionné non plus, déclarant un jour : M. Belmondo ne connaîtra jamais le succès avec sa gueule de voyou.
Mais ses rôles taillés pour son physique de boxeur lui vaudront ses plus grands succès publics : L’homme de Rio de Philippe De Broca (4,8 millions d’entrées en 1964), Le professionnel (1981) de Georges Lautner et L’as des as (1982) de Gérard Oury (plus de 5 millions).
Bébel, qui a obtenu un seul César pour un film, avec Itinéraire d’un enfant gâté (1988), aura partagé l’écran avec les plus grandes actrices, de Catherine Deneuve à Claudia Cardinale, et des histoires d’amour avec certaines, comme Ursula Andress ou Laura Antonelli.
Après une attaque cérébrale pendant un tournage en 2001, il restera fortement handicapé. Son élocution est affectée, mais son capital de sympathie demeure intact : s’il disparaît presque du grand écran, il répond présent lors des cérémonies en son honneur, comme en 2017 où il a reçu un César d’honneur.

Jean-Paul Belmondo a reçu un César d’honneur en 2017.
PHOTO : AFP/GETTY IMAGES / BERTRAND GUAY
Tout jeune, quand j’allais au théâtre, tout le monde trouvait que j’avais une sale gueule. Alors une fois ça va, deux fois ça va, trois fois, non! Ma mère m’a dit : « Comme ton père, tu devras avoir du courage. » Et je n’ai jamais manqué de courage, ce qui fait que je suis là, a-t-il lancé devant ses proches et le monde du cinéma réunis.
Ce bon vivant qui a eu quatre enfants (dont une fille, Patricia, décédée) de deux unions laisse derrière lui un clan resté proche jusqu’à la fin.
Il a transmis son amour du cinéma et des sensations fortes : Paul, son fils, a tâté le théâtre et la télévision, en parallèle d’une carrière de pilote automobile, et Victor, son petit-fils, fait des débuts prometteurs au cinéma.
Il est né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine, en banlieue de Paris, dans une famille d’artistes. Son père, Paul Belmondo, était un sculpteur renommé, et sa mère, Sarah Rainaud-Richard, une peintre.

Avec les informations de Agence France-Presse et Associated Press

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