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Déchéance : Le titre de « Maréchal », porte-t-il malheur aux Présidents africains?

AD – Libreville (Gabon) – Par Mozaya Madiba : Ce titre pourrait bien être désormais associé au malheur, même si on accorde peu de crédit dans le monde aux superstitions aux origines floues. En Afrique, la quasi-totalité des présidents qui se sont arrogés le titre de « Maréchal » ont connu une fin tragique. Florilèges.

 Idriss Déby Itno, le Maréchal – chef de guerre

Le 11 août 2020, date marquant le 60ème anniversaire de l’indépendance du Tchad, le Président Idriss Déby Itno qui a passé plus d’un quart de siècle au pouvoir devenait officiellement maréchal.

Il s’agit du grade militaire le plus élevé dans l’armée de ce pays d’Afrique centrale qui a connu une succession de rébellions, d’insurrections et de coups d’Etat souvent sanglants.

Selon ses proches, ce passage de général à maréchal fait suite à une lutte quasi personnelle que le chef de guerre a mené contre les combattants djihadistes au Tchad, au Niger et plus largement dans la bande sahélienne.

Selon le communiqué officiel de l’armée tchadienne, le président maréchal Idriss Déby est mort mardi matin, des suites de blessures reçues au combat le week-end dernier, alors qu’il commandait les forces nationales tchadiennes face aux rebelles du FACT. Accusé de népotisme par ses détracteurs, il avait été réélu président de la République il y a seulement quelques jours et sa réélection avait été confirmée la veille de l’officialisation de sa mort dans des circonstances non encore élucidées.

Mais Idriss Deby Itno n’est curieusement pas le premier sur le continent à s’être élevé au rang de Maréchal et à connaître une fin brutale.
Voici les autres dirigeants africains qui ont atteint ce grade militaire, soit en se déclarant le titre eux-mêmes, soit en se faisant accorder leur statut par le parlement de leur pays, et qui ont mal fini.

Idi Amin Dada : le Field Marshal de l’Ouganda

Idi Amin Dada est un ancien président ougandais né en 1925 dans la ville de Koboko, dans le nord-est du pays.

Il fait ses études en Ouganda et a servi dans l’armée britannique en 1945, connue sous le nom de King’s African Rifles (KAR).

Après avoir renversé le gouvernement du premier président élu du pays, Milton Obote, il devient président de l’Ouganda en 1971 et dirige le pays pendant huit ans.

Il s’est donné le titre de Field Marshal, grade à cinq étoiles le plus élevé dans l’armée ougandaise et de president à vie en 1975.

En 1979, Amin Dada est forcé de fuir la capitale ougandaise sous la pression de l’armée de libération nationale de l’Ouganda. Il va trouver refuge en Arabie Saoudite, où il meurt en 2003.

Le Maréchal Mobutu Sese Seko

Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga est le nom que se donne en 1971 Joseph Désiré Mobutu.

Celui qui a dirigé d’une main de fer le Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) est né en le 14 octobre 1930 à Lisala au Congo Belge.

C’est lui qui va rebaptiser le Congo Belge devenu Congo-Kinshasa en Zaïre au même titre que la monnaie du pays et son principal fleuve.

A la suite d’un coup d’Etat, il arrive au pouvoir le 24 novembre 1965 et s’impose par la force des armes et l’instauration d’un parti unique en 1982.

La même année, il devient donc maréchal-président du Mouvement populaire de la Révolution, seul parti politique autorisé dans le pays.

Il est connu pour avoir imposé un costume traditionnel baptisé Abacost (à bas le costume), une version zaïroise du costume occidental.

Mobutu a aussi demandé que les Zaïrois se choisissent des prénoms d’origine africaine et locale, ce qu’il fait lui-même en devenant Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, c’est-à-dire « Mobutu le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter ».
Mais Mobutu n’est pas mort au pouvoir. Il n’est pas mort dans son pays. Renversé par Kabila,
il expire à Rabat au Maroc, le 7 septembre 1997. Il
pèse à peine quarante kilos. Il a souffert énormément et voulait en finir. Après une cérémonie funèbre en présence de la famille et du dernier carré de fidèles, Mobutu est inhumé dans un modeste tombeau en forme de chapelle au cimetière européen de Rabat, réservé aux non-musulmans.

Jean-Bédel Bokassa : le maréchal et empereur à vie de la République centrafricaine

Jean-Bédel Bokassa est né le 22 février 1921 dans le comté de Bobangui, à M’Baka, plus précisément dans le village de Lobaye.

Il va à l’école à Brazzaville, veut devenir pasteur mais ses parents le persuadent plus tard de rejoindre l’armée coloniale française.

Après la fin de ses études en 1939, il s’est engagé dans l’armée et est devenu soldat en 1941. Il a combattu sous la bannière de l’armée française dans la guerre contre les nazis.

En janvier 1962, Bokassa quitte le contingent français et rejoint l’armée de la République centrafricaine (RCA) successivement en tant que colonel, conseiller militaire, puis chef d’état-major en 1964.

Fort de cette posture à la tête de l’armée, il renverse son cousin et premier président de la République centrafricaine David Dacko et dirige le pays entre 1966 et 1976.

Il s’est déclaré président à vie en 1972, maréchal en 1974 et empereur de la République centrafricaine de 1976 à 1979 faisant changer le nom du pays en « Empire centrafricain ».

L’empereur à vie a été largement critiqué pour son rôle dans le massacre de 100 écoliers, qui a conduit à son éviction par les forces françaises.

Jean-Bédel Bokassa a fait brièvement escale en Côte d’Ivoire et s’est ensuite exilé en France.

Après des années d’exil, il est retourné en République centrafricaine en 1980, a plaidé coupable aux accusations portées contre lui et a été condamné à la prison à vie.

Il a été libéré en 1993 après avoir purgé une peine réduite, et est décédé en novembre 1996 d’une crise cardiaque.

MM/PIM/AD/21

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