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Gestion de la crise sanitaire : « La DU appelle au sursaut des travailleurs pour mettre fin à cette infamie et restaurer toutes les libertés publiques »

AD-Libreville (Gabon)-par Grâce Kabi : Au cours du point de presse tenu ce mercredi, la Confédération Syndicale  Dynamique Unitaire (DU) s’est interrogé si le Gabon était en guerre. La confédération indique que durant les heures du couvre-feu, un balai de véhicules banalisés, sans plaques d’immatriculation, avec des hommes cagoulés et équipés d’armes de guerre sillonne les rues. « La lutte contre la pandémie nécessite-t-il un tel dispositif militaire ? » s’interroge la DU en invitant les travailleurs à plus de vigilance et une prise en mains de la situation.

«Travailleuses, travailleurs,
Chers Concitoyens,
Mesdames, messieurs
Depuis la semaine dernière, la Confédération Syndicale Dynamique Unitaire (DU) a entre autres exigé la fin du confinement et du couvre-feu, au regard de la nouvelle stratégie sanitaire contre la pandémie de Covid-19 qui vise à :
-Dépister ;
-Isoler ;
-Traiter les cas infectés ;
-Pister les cas contacts.
Cette stratégie s’emboîte avec le déconfinement, l’amélioration des soins médicaux et les facilités d’accès aux masques. D’ailleurs, la tendance mondiale est au déconfinement avec la maîtrise progressive de la pandémie grâce à cette stratégie. Paradoxalement, le Gabon est le seul pays au monde, où d’une part la pandémie n’a pas encore atteint son pic depuis bientôt trois mois et les hôpitaux ne sont pas saturés ; d’autre part, les politiques appliquées rament à contre-courant (confinement, couvre-feu, manque de masques, de matériel et de médicaments).
Deux hypothèses sont alors envisageables : soit l’exécutif tâtonne par amateurisme, soit ses intentions affichées sont mensongères, la lutte contre la pandémie et la précarisation sociale par la reprise de l’activité socioéconomique est le cadet de ses soucis. Dans ce sillon, les véritables objectifs seraient ailleurs, quitte à créer le chaos, à museler la population, à l’affamer ou à briser toute conscience sociale et citoyenne. Cette seconde hypothèse est la plus plausible. En effet, pourquoi l’exécutif ne suspend-t-il pas le confinement et le couvre-feu conformément à l’article 85 alinéa 3 de la Constitution, puisque des recours ont été introduits à la Cour Constitutionnelle aux fins d’annulation de la loi sur la catastrophe sanitaire qui sert de prétexte pour restreindre les libertés publiques ? Pourquoi le ministre de l’intérieur dans sa communication du 1er juin 2020 préfère-t-il renforcer le confinement, alors que la nouvelle stratégie sanitaire suggère le contraire ? Pourquoi le COPIL ne présente-t-il pas un traitement alternatif à l’hydroxy chloroquine qui a été interdit par l’OMS ?
Par ailleurs, DU constate à Libreville notamment, que durant les heures du couvre-feu, un balai de véhicules banalisés, sans plaques d’immatriculation, avec des hommes cagoulés et équipés d’armes de guerre sillonne les rues. Le Gabon est-il en guerre ? Si oui, qui est son ennemi ? Lutter contre la pandémie nécessite-t-il un tel dispositif militaire ? Le plus aberrant est qu’il y a une recrudescence de l’insécurité aux heures de couvre-feu : hausse de braquages, des dégradations de biens, et surtout, hausse des assassinats.
Dans un autre registre, comment comprendre les humiliations et les possibles rackets perpétrés illégalement par les forces de sécurité et de défense sur la population, du simple fait d’enfreindre une règle du confinement ou du couvre-feu ? Pourquoi, les travailleurs résidant dans les provinces dépourvues de banque, sont-ils maltraités dans les gouvernorats pour obtenir un laissez-passer et humiliés dans les postes de contrôle de police et de gendarmerie par des vérifications incongrues, quand ils doivent se rendre dans une autre province pour percevoir leurs salaires ? Et lorsque pour des raisons indépendantes de leur volonté ces travailleurs reviennent après 18h, la chanson servie à tous les postes de contrôle est la même « votre laissez-passer c’est pour circuler entre 6h et 18h ». Peut-on rallier Libreville au départ de Franceville en moins de 12 heures ? Pourquoi l’exécutif interdit-il la liberté de culte et de réunion, alors que dans le même temps, les sénateurs et députés se réunissent à plus de dix ?
In fine, le confinement et le couvre-feu ne se justifient pas. C’est un dispositif militaire au service de ceux qui tapis dans les hautes sphères de décisions, ont des desseins inavoués au regard de la vacance constatée au sommet de l’Etat.
C’est pourquoi DU exige à nouveau la levée immédiate du confinement et du couvre-feu.
Travailleuses, travailleurs,
Chers Concitoyens,
Mesdames, messieurs
Les errements de gestion de la pandémie découlent des intrigues en rapport avec le vide institutionnel au sommet de l’Etat. Au fond, qui gère cette crise sanitaire ? Qui dirige le Gabon ? En matière de gestion des finances publiques, les établissements, administrations, comités ou commissions dotés d’une personnalité juridique et d’une autonomie de gestion financière, s’appuient sur un décret pris par le Président de la République qui est par ordre l’ordonnateur du budget de l’Etat. A cette échelle administrative, l’ordonnateur est le premier responsable de la structure, assisté d’une Agence Comptable de rattachement et d’un contrôleur financier. A cet effet, où se trouve le décret qui crée le COPIL de l’épidémie à coronavirus et le met sous la tutelle du Premier ministre ? Le Comité Technique du COPIL gère la partie logistique, technique, médicale et financière (aides, donations et dépenses) et est doté d’une autonomie financière. Où se trouve le décret qui lui accorde cette autonomie ? Où se trouvent les décrets qui nomment le Général Romain TCHOUA à la tête de ce Comité et Guy-Patrick OBIANG en qualité d’adjoint? Ces interrogations sont légitimes parce qu’il n’existe en réalité aucun décret.
Explicitement, DU est au regret d’annoncer que le COPIL et ses démembrements, singulièrement son Comité Technique, sont dans la plus grande illégalité qui soit. De plus, la Direction Générale des Services de Santé Militaire dont est issu le Général Romain TCHOUA, est logée au sein de la Présidence de la République et sous la tutelle directe du Chef de l’Etat. Autrement dit, c’est le Président de la République qui est censé gérer la crise sanitaire : qui en son absence profite de cette situation à la Présidence de la République pour régenter la lutte contre cette pandémie ? La responsabilité de la mauvaise gestion constatée du COPIL incombe au régent tapis dans l’ombre à la Présidence de la République, et non au Premier Ministre Chef du Gouvernement.
Travailleuses, travailleurs,
Chers Concitoyens,
Mesdames, messieurs
Tout n’est que mensonge dans la gestion de la pandémie. Où en est la gratuité de l’eau et de l’électricité pour tous ? Pourquoi en avoir exclu des milliers d’abonnés possédant des compteurs d’électricité de 3 à 6 KW, en violation du décret n°00103/PR/MERH du 10 avril 2020 fixant le régime de prise en charge par l’Etat des factures d’eau et d’électricité de la SEEG pendant l’Etat d’urgence lié au Covid-19 ? Où en est la fameuse banque alimentaire et la distribution des kits et bons alimentaires ? Où sont les 10 millions de masques chirurgicaux censés être distribués aux personnels de santé, aux forces de défense et de sécurité et à la population ? Où sont les 4 000 thermoflash à distribuer dans les hôpitaux ? Où en est le renforcement des unités de soins intensifs dans les hôpitaux par la distribution de 100 respirateurs, de 100 appareils d’aide respiratoire, de 10 ambulances et un kit d’imagerie mobile par province ? Où sont les financements publics au profit de l’IPHAMETRA, l’USTM, l’USS, le CIRMF et le CERMEL pour la recherche d’un remède ? Où sont situés les 60 centres de dépistage annoncés depuis le 3 avril 2020 ?
A l’heure actuelle, les travailleurs souffrent, le chômage de masse s’enracine et l’économie s’enfonce à cause de la mal gouvernance qui s’accroît dangereusement. La pandémie se propage dans toutes les provinces, et le personnel soignant crie à la pénurie de tests, de matériel et de médicaments.
DU s’inquiète et refuse de rentrer dans le magma politicien qui vise à divertir la population, et à amputer toute la responsabilité de la mauvaise gestion de la crise sanitaire au seul gouvernement. Que les travailleurs soient vigilants et se prennent en mains ! DU appelle au sursaut des travailleurs pour mettre fin à cette infamie et restaurer toutes les libertés publiques pour le renouveau du Gabon.
Je vous remercie».
Pour le Bureau Confédéral,
Le Président,
Jean-Rémy YAMA

 

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