Très silencieuse depuis la fermeture des salles de classe en mars, la Convention Nationale des Syndicats de l’Education Nationale (CONASYSED) dans son communiqué publié ce vendredi sur les réseaux sociaux dit être choquée de constater que l’administration rame à contre-courant de ses propres mesures, et ne compte pas reprendre les cours avant la fin du covid-19. Texte intégral du communiqué.
« Chers Camarades,
Chers Collègues,
Depuis le 12 mars dernier, le Gabon vit une crise sanitaire sans précédent. La population est menacée par la pandémie du COVID-19 qui se propage et tue dans toutes les couches de la société. Cette situation a profondément impacté notre système éducatif, et les établissements scolaires sont fermés depuis le 14 mars dernier ; ce qui va nécessairement conduire à un réaménagement du calendrier scolaire.
Pour permettre aux élèves des classes d’examen de garder le lien, le ministère en charge de l’Education Nationale a lancé le projet « Ecole à la maison » qui permet aux élèves des classes d’examen de suivre des cours sur des plateformes internet ou sur les chaines de télévisions et radios locales.
Chers camarades,
Chers collègues,
La CONASYSED n’a pas soutenu la mesure des cours à distance car le niveau de développement technologique ne permet pas à tous les élèves du pays d’accéder à ces cours. En outre, cette mesure ne tient pas compte des classes intermédiaires. Elle est prise en violation de l’article 3 de la loi 21/2011 portant orientation générale de l’Education, de la Formation et de la Recherche qui soutient que : « le droit à l’égal accès à l’éducation, à l’instruction, à la culture et à la formation, est garanti à tous, sans distinction de croyance, de religion, de race, de sexe, d’appartenance politique ou de toute autre distinction sociale ».
Aussi s’interroge-t-elle sur la place de l’enseignement à distance après la présente crise sanitaire. Est-elle devenue la solution miracle aux problèmes qui minent l’école gabonaise ? Car, l’histoire de la lutte syndicale nous montre que le provisoire finit souvent par devenir le définitif. C’est le cas du turn-over, des classes à mi-temps et du double flux. L’enseignement au Gabon est d’abord présentiel et notre école a besoin d’un nombre important d’enseignants, de salles de classe et autres infrastructures afin de ramener les effectifs aux normes internationales ; de supprimer le double flux et les classes à mi-temps.
Cette situation nous rappelle que le système éducatif gabonais a accumulé de nombreux déficits :
Sur le plan des infrastructures, par les effectifs pléthoriques et le fonctionnement à double flux ;
Sur le plan technologique, par l’absence des outils informatiques, de formation en informatique et NTIC, connexion internet dans la quasi-totalité des établissements scolaires du pays ;
Sur le plan pédagogique, par l’absence d’une véritable politique du livre et des bibliothèques ;
Chers camarades,
Depuis le début de la semaine dernière, les cas de contamination déclarés sont passés à une moyenne de cent par jour. Au moment où les cas de contamination ne cessent de croître, la CONASYSED est choquée de constater que l’administration rame à contre-courant de ses propres mesures. En effet, l’administration a rendu publiques deux informations qui corroborent cette affirmation. Il s’agit :
Du communiqué du 13 mai 2020 du Ministre de l’Emploi, de la Fonction Publique et du Travail et de la Formation Professionnelle, chargé du Dialogue Social, en rapport avec la seconde phase du recensement biométrique ;
De la note d’information n° 00000461/MEF/SG/DGCC/DPM/SP du 12 mai 2020 signé du Directeur Général en rapport avec les certificats de scolarité.
Par ces deux mesures, la CONASYSED réalise que le gouvernement ne se préoccupe pas de l’application des mesures barrières. Donc, de la préservation de la santé et des vies des agents publics.
Soucieuse de l’état de santé et de la préservation des vies des agents publics, la CONASYSED pense qu’il serait judicieux de reporter ce recensement après la maîtrise de la pandémie. En outre, pour le payement des allocations de rentrée scolaire, de manière exceptionnelle, elle conseille à l’administration de croiser les fichiers soldes et ceux correspondant aux trois dernières années de payement de ces allocations.
Mesdames et messieurs,
Chers camarades,
Chers collègues,
La CONASYSED rappelle qu’elle dénoncera toute reprise des activités pédagogiques qui ne tiendra pas compte de l’éradication de la pandémie sur le territoire gabonais, de l’égalité des chances pour le passage des élèves en classe supérieure, de la programmation des concours internes de l’ENI et l’ENS et la prise du décret légalisant les nominations du 30 septembre 2019. Sans oublier de corriger celles qui ne sont pas conformes aux textes en vigueur. Sinon, elle se réserve le droit de saisir les juridictions compétentes sous peu en vue de faire annuler lesdites nominations.
Par ailleurs, la Convention Nationale des Syndicats du Secteur Education invite à une prise de conscience collective sur la situation de notre école. Le Gabon ne peut aspirer à l’émergence avec une école dans cet état. Notre pays a les moyens de donner une éducation de qualité à sa jeunesse. C’est pourquoi, la CONASYSED interpelle le gouvernement et le parlement afin de faire adopter pour la jeunesse et surtout pour le Gabon éternel, un plan Marshal visant à réhabiliter notre système éducatif.
Je vous remercie ».
Fait à Libreville, le 22 mai 2020.
Pour la CONASYSED,
Le Délégué Général
Louis Patrick MOMBO