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Malgré, la victoire de Macron, l’extrémisme gagne du terrain en France (analyse)

AD – Libreville (Gabon) – Une élection c’est d’abord un résultat qui donne nécessairement un gagnant et bien évidemment un perdant. Dans le cas de cette élection française (encore !!! Quid des appels à candidature chez nous aka ? Actualité brûlante, on fait comment ?)… Donc, dans le cas de cette élection, ce n’est pas tant le nom de celui qui a été annoncé comme vainqueur qui interpelle, surtout que l’on s’acheminait déjà vers du pur formalisme.

C’est plutôt le résultat du challenger, pour ne pas dire de la candidate représentante de l’extrême droite qui a sérieusement de quoi mettre mal à l’aise. Les élections passent et l’on se rend compte de plus en plus et cela avec un grand désarroi de la déconfiture des partis traditionnels de gouvernement et de la montée en puissance des extrêmes ou plutôt d’un extrême.

En effet, le véritable gagnant des élections présidentielles en France ces 20 dernières années est bien l’extrême droite : jusqu’en 2002, l’extrême droite et son porte flambeau, le Front National, ne représentaient quasiment rien sur l’échiquier politique français. En 2002, l’équation extrême droite commence à montrer clairement sa montée en puissance en s’invitant pour la première fois au 2ème tour et où elle terminera avec 18 %.

Le petit recul observé en 2007 et 2012 doit plutôt être regardé comme un passage de témoin entre le paternel et sa fille au sein de la famille la plus représentative de l’extrême droite. C’est ainsi que les 2 dernières présidentielles n’ont fait que confirmé la progression de la droite extrême avec ce qui ressemble désormais à un strapontin fixe pour le second tour.

Les scores vont crescendo : 34 % en 2017 et maintenant, en 2022, c’est quasiment la moitié de l’électorat français qui lui apporte son soutien. Ce résultat de la candidate de l’extrême droite au second tour a de quoi gêner en dépit du côté « triomphateur » des fans de M. Macron. Autant de français qui affichent de manière aussi ostentatoire et retentissante leur adhésion à une idéologie qui a fait de la stigmatisation de l’Autre son fonds de commerce est proprement déconcertant. Et encore, c’est pourtant dans la partie la plus colorée de la France, qui semble encore reléguée aujourd’hui en colonies, (l’Outre-Mer), que l’extrême droite a enregistré ses meilleures performances. Le noir trop docile et plus apte à renier ses origines ou ses semblables pour mieux se faire apprécier de l’homme blanc.

Certes, le résultat ouvre un nouveau mandat  pour M. Macron. Et pourtant, il traduit aussi un message désolant pour bien des observateurs : près d’un français sur deux affirme désormais de manière décomplexée sa sympathie pour l’extrême droite. L’ascension semble se poursuivre avec cette forme de résilience qui prend du terrain et ce n’est plus vain de croire que l’impensable pourrait finir par arriver.

Covacks Missang Bibang, docteur en Droit public, enseignant à l’UOB

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