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Quand Noël Mboumba dérange

L’ancien ministre Noël Mboumba © DR

AD – Libreville (Gabon)  – Par Jérôme Héritier Yassi : Les déclarations à brûle-pourpoint de l’ancien ministre du Pétrole, Noel Mboumba, ont, non seulement jeté une chape de plomb dans le landerneau politique national, mais également suscité une véritable cabale, un lynchage médiatique contre sa personne par réseaux sociaux interposés.

Le malaise est d’autant plus perceptible que M. Mboumba a fait des révélations plutôt troublantes, au cours d’une conférence de presse,  quelques heures après sa mise en liberté provisoire, le 11 mars dernier.

Accusé de détournement des fonds publics, l’ancien ministre du Pétrole avait été incarcéré à la prison centrale de Libreville le 13 décembre 2019, dans le cadre de l’opération dite scorpion, une campagne de lutte contre la corruption.

Sans faux-fuyant, il a reconnu les faits qui lui sont reprochés, un geste d’humilité plutôt rare dans un pays où l’arrogance semble être érigée en règle.

Noël Mboumba, ancien ministre du Pétrole

M. Mboumba a reconnu son implication, malgré lui, dans la vaste campagne de détournements de fonds publics, organisée par l’ex-Directeur de cabinet du président de la République (DCPR), Brice Laccruche Alliangha (BLA), à l’époque de sa toute-puissance.

Leader de l’Association des Jeunes volontaires émergents (AJEV), BLA, devenu un incontournable du régime,  avait mis en place un système  de prédation et de captation des fonds publics qui devaient lui servir à réaliser de sinistres desseins, notamment la déstabilisation des Institutions, dénoncés par M. Mboumba, au cours de sa conférence de presse.

Comme on pouvait s’y attendre, ses déclarations ont déchainé les passions sur les réseaux sociaux et la presse à sensation. Quolibets et attaques se sont multipliés contre la personne de M. Mboumba. Ses tentatives pour se justifier, se blanchir voire de se dédouaner ont été  accueillies par des sarcasmes.

Pourtant nul n’ignore que personne ne pouvait aller contre la volonté de BLA, à l’époque sa toute-puissance. ‘’Celui qui boude, il bouge’’. Cette phrase devenue culte a été prononcée par l’ex-DCPR, au stade de Nzeng-Ayong, lors du meeting qui a clôturé son périple dans le Gabon profond, pour indiquer le sort qui attendait tous ceux qui seraient tentés de contester son autorité.

Comme tous les autres responsables, Noel Mboumba exécutait scrupuleusement les instructions de la hiérarchie. A cette époque, le centre de décision n’était pas la Primature mais bien le palais du bord de mer, où régnait en maître absolu, l’ancien directeur de cabinet du président de la République.

Il faut donc reconnaitre à Noel Mboumba non seulement beaucoup de courage, mais également beaucoup d’humilité pour s’être volontairement prêté à un exercice pour le moins périlleux. En effet, il se doutait bien que ses déclarations allaient susciter une levée de boucliers et des retombées préjudiciables sur le plan politique. L’ancien ministre du pétrole a pourtant décidé de ne pas se taire.

En outre, sa libération dérange d’autant plus qu’il pourrait reprendre sa veste de leader politique dans son fief de Port-Gentil, où les actes qu’il a posés alors qu’il était jeune cadre dans les entreprises pétrolières puis en tant qu’homme politique plaident en sa faveur.

Véritable philanthrope, Noël Mboumba a dirigé l’ONG Renaissance, une organisation ayant pignon sur rue dans le pays et qui a tiré plus d’un de la misère dans la capitale économique.

« Laissez le tranquille ! Il a le mérite de confesser ses fautes. Il a dit ce que tout le monde sait. Où est le drame ? », s’est interrogé un internaute, répondant à la cabale menée sur la toile contre l’ancien ministre du Pétrole.

«Il n’est pas le premier Gabonais à se confesser, André Mba Obame et le défunt président Omar Bongo Ondimba l’on fait avant lui’’, a poursuivi un autre.

« Une faute avouée est à moitié pardonnée », dit l’adage.

Conformément aux dispositions légales en vigueur, l’avocat de Noël Mboumba, maître Chansel Guissiga a obtenu la mise en liberté provisoire de son client. La procédure suivant son cours, on devrait donc laisser la justice faire son travail et in fine décidé du sort de celui que beaucoup jettent en pâture pour des raisons…bien obscures.

JHY/PIM/20

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